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Chantal Akerman, Akira Kurosawa, Abel Gance, Eric Rohmer… qui a dit que ces figures tutélaires du cinéma n'avaient plus leur place dans les tops de fin d'année ? Il y a quelques semaines, nous avons voulu vous consulter pour savoir quelles ont été vos plus belles découvertes de vieux films au cours des douze derniers mois. Vous avez été 435 à répondre à notre sondage, avec plus de 2000 films mentionnés de plus de 1000 cinéastes différents ! Des grands classiques aux pépites oubliées, des superproductions hollywoodiennes aux expérimentations insolites, c'est une certaine histoire du cinéma que racontent vos scrutins. Et une myriade de titres à rajouter dans notre liste de lecture pour 2025…

Aidée par la ressortie par Capricci de seize de ses films au cours de l'automne, Chantal Akerman demeure, pour la deuxième année consécutive, la cinéaste dont vous avez le plus aimé découvrir les films en 2024. Un tel plébiscite (132 mentions) témoigne à la fois du foisonnement de son œuvre (17 films distincts cités, plus que pour n'importe quel autre cinéaste) que du statut relativement confidentiel occupé jusqu'à récemment par la cinéaste belge dans le canon cinématographique. On ne manquera pas de noter que c'est la veine expérimentale de son cinéma qui a plutôt reçu votre assentiment avec News from Home et D'Est se frayant des places inattendues dans le top 10.

L'autre événement majeur de l'année fut indéniablement la restauration, au terme de 16 ans de travail, du Napoléon d'Abel Gance. Longtemps introuvable ou alors dans des versions qui ne reflétaient pas le projet initial du cinéaste, le film a enfin refait peau neuve. La ressortie a donné lieu à de nombreuses séances exceptionnelles dont plusieurs ont cherché à reproduire le dispositif de projection sur plusieurs écrans imaginé par Gance. Avec 76 mentions, la fresque historique arrive très largement en tête du classement de films (loin devant Les Sept Samouraïs et Jeanne Dielman, 21 mentions chacun).

Vos bulletins de vote valident donc bien l'impressionnant travail de défrichage et de réactualisation de vieux films fait pard'infatigables boîtes de distributions. Grâce à eux, des films de Kurosawa (Splendor Films et Carlotta), de Jacques Rozier (Potemkine Films), de Frederick Wiseman (Météore Films), ou encore de Wong Kar Wai (The Jokers) ont pu être découverts – et surtout appréciés ! – par vous. Ces quelques noms confirment d'ailleurs une tendance déjà relevée l'année dernière et qui n'a fait que s'accentuer en 2024 : les noces tenaces entre la programmation de vieux films en salles à Paris et le cinéma asiatique. On décompte pas moins de 346 mentions pour des films japonais (qui arrive juste derrière le trio USA-France-Italie), 107 pour des films hongkongais et 44 pour le cinéma chinois.

Rien de très étonnant là-dedans quand on se souvient que vous étiez nombreux·ses en 2023 à réclamer plus de projections de films asiatiques. Cette année, on remarque dans vos commentaires une envie grandissante de mieux découvrir le cinéma de pays non-occidentaux avec des mentions pour le philippin Lav Diaz, les brésiliens Glauber Raucha et Rogério Sganzerla, le chilien Patricio Guzman ou encore pour les cinémas indien et yougoslave.

Enfin, vous êtes nombreux·ses à nous faire part de votre envie de voir plus de vieux films de cinéastes femmes programmés en salles. Nous notions l'année dernière que le phénomène Akerman était l'arbre qui cachait la forêt de la sous-représentation des réalisatrices. Impossible cette année de ne pas se répéter : si Akerman arrive en tête du classement des cinéastes les plus cités, il faut descendre à la 47e (!!) place pour trouver une autre femme, Agnès Varda ! Heureusement, vous donnez dans vos commentaires différentes pistes pour rectifier le tir en 2025 : Jane Campion, Josephine Decker, Ann Hui, Marguerite Duras, Vera Chytilova, Catherine Breillat, Andrea Arnold… À bon entendeur !