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Film

Jeanne Dielman, 23, quai Du Commerce, 1080 Bruxelles, Chantal Akerman (1975)

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En décembre dernier, le fameux sondage décennal du magazine Sight & Sound consacra Jeanne Dielman comme « meilleur film de tous les temps », succédant à Citizen Kane et Vertigo. Dire que la nouvelle ne fit pas que des heureux serait un euphémisme. Mais si le film n’est effectivement pas l’œuvre consensuelle que l’on aurait imaginé à une telle place, ce n’est pas non plus l’expérimentation radicalement hermétique et inaccessible que l’on pourrait croire. Derrière l’apparence aride d’un film de 3h20 composé de (très) longues scènes de la vie quotidienne d’une femme au foyer, se trouve en fait un récit à la structure dramatique que l’on qualifierait presque de traditionnelle (unité de lieu, trois actes, récit linéaire). C’est juste que les scènes chargées d’intensité dramatique ne sont vraiment pas celles qu’on attend. Et pour cause, Akerman passe plus de temps à filmer l’épluchage des pommes de terre ou la confection d’un pain de viande que les moments lors desquels Jeanne se prostitue pour subvenir aux besoins de son fils lycéen. Ce choix, assurément féministe, fait de la monotonie de la vie d’une mère au foyer le centre-même du film, plutôt que son arrière-plan. En décrivant la chorégraphie sempiternellement reconduite qu’est le quotidien de Jeanne, le film nous met dans un état hypnotique d’extrême vigilance par rapport aux micro-changements qui viennent gripper ce robotisme maniaque (une assiette mal rincée, une mèche mal coiffée). En donnant l’impression qu’il ne se passe presque rien, Akerman parvient à donner de l’importance à presque tout.

coup de coeur
Texte du 17/05/23
DURÉE : 198 minutes
LANGUE : Français

PAYS : France, Belgique
DISTRIBUTION : Capricci Films
Prochaines séances à Paris
Ven. 22/11
Reflet Médicis (5e)
19h10
© Le Rétro Projecteur 2021–2024
Graphisme par claire malot.
Développement par jroitgrund.
« Pour le grand écran, pas la p'tite lucarne ! »