Fort d’un mépris tout franchouillard pour nos voisins d’outre-Manche, Truffaut voyait dans le cinéma anglais une « contradiction dans les termes ». L’histoire ne dit pas ce qu’il pensait de la sous-catégorie décidément riche des films britanniques réalisés par des Polonais (Polanski, Zulawski et Skolimoski y ont tous tourné des chefs-d’oeuvre). A l’image de son réalisateur en exil, Travail au noir met en scène quatre ouvriers polonais envoyés à Londres pour retaper la maison d’un riche compatriote. Au même moment, l’armée soviétique, inquiète de la popularité grandissante du syndicat Solidarność, envahit la Pologne. Nowak, seul anglophone de la bande, décide de cacher la nouvelle aux autres ouvriers dans un geste de paternalisme (les protéger, mais aussi ne pas les distraire du travail à accomplir) qui n’est pas sans rappeler celui de l’occupant russe. Rarement aura-t-on vu un télescopage du politique et du narratif aussi simple, tangible et efficace. A cette histoire vient s’agréger le récit initiatique d’un homme découvrant le monde occidental, entre publicités, supermarchés, humour pince-sans-rire et hypocrisie du « bon voisinage ». Un autre monde de mensonges et de faux-semblants, en somme...