Rosa vient d’avoir vingt ans et gagne sa vie en se prostituant dans le quartier des Halles, à Paris. Ses clients, qui se battent pour ses services, ne cessent de lui offrir des fleurs ; alors, on l’appelle Rosa la rose, comme pour faire oublier qu’elle est fille publique. Le titre résume bien le double registre du film : candidement lyrique (la rose) et résolument matérialiste (la fille publique). Mais chez Vecchiali, les deux ne s'opposent pas, la pente poétique ne servant jamais à masquer la description des conditions de vie.
Lorsque Rosa rencontre Julien, un jeune peintre en bâtiment, le coup de foudre est immédiat, inexorable. Mais une fille publique n’a pas à tomber amoureuse et leur idylle prendra les allures d’une tragédie grecque. En repeignant les murs de la capitale pour qu’ils soient assortis aux costumes des personnages et en lorgnant nettement vers la comédie musicale, le geste de Vecchiali n’est pas sans rappeler celui de Jacques Demy et de ses Parapluies. Si les deux cinéastes ont choisi de tendre des miroirs féeriques à des individus au quotidien difficile, ce n’est pas par inconséquence, mais précisément parce qu’ils les prenaient au sérieux.