« Ooh-wee! It's going to be a scorcher today. » Une chose est sûre, c’est qu’il fait chaud à Bedford-Stuyvesant. N’en déplaise aux journaux qui ne parlent que météo, c’est loin d’être la seule préoccupation des habitants de ce quartier de Brooklyn. Heureusement, Spike Lee est là, avec sa caméra et son style si caractéristique, tantôt classique, tantôt radicalement moderne, toujours incisif. A l’instar du DJ qui anime une radio locale en racontant la vie des riverains qui passent devant sa boutique, Spike Lee ne cherche peut-être pas autre chose que de raconter ces vies, raconter ces histoires qui manquent (des journaux mais aussi, de manière cruciale, du cinéma). Resserrant à l’extrême l’espace de l’action (littéralement quelques rues), il démultiplie les personnages, décrit leur quotidien, leurs amours, leurs embrouilles. Sa radicalité, le film ne la tire pas seulement de sa description de l’engrenage de la violence urbaine mais aussi de sa manière de célébrer sans détours la culture des Noirs Américains (entre musique, sport et mode). Qu’une telle célébration puisse être taxée de « radicale » fait partie du problème auquel Spike Lee se confronte avec l’urgence d'une révolte.