Film

Récemment endeuillés par la mort de leur fille, John et Laura Baxter s'installent à Venise. La ville, hors saison, est vide, mélancolique, même flippante (un mystérieux meurtrier y sévit). John pratique son métier de restaurateur d’église ; Laura ambitionne aussi à sa manière de renouer avec les lueurs du passé en s’entichant d’une médium qui la met en contact avec sa fille disparue. Dans un dispositif de mise en scène très moderno-moderne, Roeg entremêle sans cesse des plans à la temporalité différente (une scène fameuse voit le couple tour à tour en train de se faire l’amour et en plein rhabillage post-coït). L’idée étant que c’est par cette artificialité de montage que le cinéma peut aussi rendre compte de la manière « a-chronologique » avec laquelle nous percevons nos propres vies (dans des situations d’amour comme de deuil). Joueur, Roeg emploie le même dispositif pour donner à voir des phénomènes carrément surnaturels (voyance, spiritisme). C’est alors moins le surnaturel qui nous est restitué comme naturel que le banal quotidien qui nous apparaît nappé d’une épaisseur mystérieuse et magique.