Plus qu’hier, moins que demain est un film décentré. Tout d’abord parce qu’il se déroule dans un petit village de cette France dite « périphérique » qu’on voit si rarement au cinéma. Mais décentré aussi parce que, en bon film choral qu’il est, il est difficile d’en désigner clairement le personnage central. S’il fallait s’y essayer, on opterait sans doute pour Julien, le jeune garçon d’une dizaine d’années qui, sans être au cœur des péripéties du film, semble en être le témoin privilégié, le premier réceptacle. Quiconque a déjà vu un film de Laurent Achard sait que l’enfance n’y est jamais, loin s’en faut, synonyme de béatitude ou d’innocence. Plus qu’hier… ne fait pas exception et Julien va progressivement découvrir les douloureuses histoires de famille qui refont surface à l’occasion du retour au bercail de sa sœur aînée. Achard parvient, à travers une multitude de détails personnels, à épouser le regard unique de l’enfant : suffisamment extérieur aux événements qu’il découvre pour les recevoir avec lucidité mais beaucoup trop impliqué pour s’autoriser un jugement catégorique sur quiconque. De ce regard d’enfant, Achard tire ainsi une véritable éthique de mise en scène de ses personnages.