« Nous voilà immortalisées dans l’inépuisable légende du fait divers ! » s’exclame Hélène en constatant le cambriolage dont sa compagne et elle ont été victime. Crispée par l’idée qu’elles aient pu être visées à cause de leur orientation sexuelle, elle décide de prévenir aussitôt la police. Lorsque la nouvelle parvient aux oreilles de deux amies de longue date, celles-ci ne peuvent s’empêcher de se répandre en commérages médisants sur la gestion de l’affaire. Si la chose attise autant de tensions c’est que, comprend-on, les quatre femmes se sont jadis rapprochées autour de combats politiques que leur embourgeoisement respectif a fait un peu perdre de vue. Le film fonctionne par une multitude de déplacements de point de vue, non pas pour essayer de faire émerger la vérité sur le fait divers mais plutôt pour proposer des variations sur une position morale, dont aucune n’est exempte d’une petite dose de mauvaise foi. En saisissant ces personnages au tournant du millénaire, le film fait le point sur ce qu’est devenue cette génération des utopies politiques des années 1970. Chose rare, il parvient aussi à dresser un merveilleux portrait d’une bande d’amies : précis et irrésistiblement drôles, les dialogues font ressentir le poids de toutes ces années qui ont usé et affermi les liens.