Une soirée arrosée entre frères et c’est l’étable qui flambe. Des bêtes y passent. Un homme aussi. L'aîné, Roland, part en taule. Lorsqu’il revient dix an plus tard, le cadet, Gérard, a rebâti la ferme, s’est trouvé une femme, a eu une fille : en gros, il s’est fait une situation. Et c’est cet embourgeoisement, plus encore que le souvenir de la culpabilité partagée, qui ne peut souffrir la présence du frère revenu sauvage, broyé et incorrigiblement libre de prison. Cet écorché vif rebute autant qu’il fascine Annie, sa belle-sœur. Entre les personnages de ce terrible théâtre familial, écrasés par un ciel trop bas, condamnés par des sentiments trop extrêmes, se nouent des oppositions primitives, bestiales. L’amour y est difficile, l’indifférence impossible. Lorgnant carrément du côté du western qu’elle transpose dans la campagne du Nord de la France, Mazuy nous offre un film qui emporte par la brutalité et le naturalisme de son paysage émotionnel.