Film

La Nuit des morts-vivants, l’un des films d’horreur les plus iconiques de l’histoire du cinéma, débute avec une idée toute simple et merveilleusement efficace. On y voit deux jeunes venus fleurir, comme chaque année, la tombe de leur père. Perdant patience devant le zèle de sa sœur qui en profite pour faire une prière, le frère rejoue un vieux gag de leur enfance pour l’effrayer : les morts-vivants sont là et ils viennent nous chercher (“They’re coming for you, Barbaraaaaaa!”). À peine installé ce climat de peur, voilà justement qu’un véritable mort-vivant apparaît, décidé à les envoyer six pieds sous terre. Cette mise en place du récit vaut surtout comme déclaration d’intention du réalisateur qui voit dans l’imagination du spectateur la véritable source de tension. Une telle approche, suggestive, a permis au film de se faire pour une bouchée de pain, anticipant la préférence du genre tout entier pour les productions à tout petit budget. Mais La Nuit des morts-vivants est également programmatique du genre en ce qu’il a pleinement assumé la vocation du film d’horreur à produire du commentaire social. Plus encore que le combat contre les morts-vivants, le film dépeint surtout le délitement de la solidarité humaine face à l’adversité. En pleine période de combat pour les droits civiques aux États-Unis, le racisme sous-jacent de la société se manifeste alors de manière décomplexée. L’horreur est moins dans le film lui-même que dans le regard qu'il porte sur nous.