Avant que le régime communiste n’y impose sa censure, le prestige des instituts de cinéma de l’Europe de l’Est permit l’éclosion de plusieurs femmes cinéastes dans l’après-guerre : Márta Mészáros, Vera Chytilová, Kira Mouratova, ou encore Larissa Chepitko. Binka Jeliazkova, qui fut une des premières réalisatrices bulgares, construisit sa filmographie militante tant sur le souvenir de la résistance face au nazisme que sur la dénonciation de l’état bulgare naissant. Son premier long-métrage, La vie s’écoule silencieusement, fut interdit en salle en 1957. Nous étions jeunes, sorti quatre années plus tard, vaut à la réalisatrice une interdiction de tournage pendant près de cinq ans alors même qu’il reçut la médaille d’or au Festival international du film de Moscou. Le film, mélodrame sur un groupe de résistants pendant la Seconde Guerre mondiale, est aussi l’occasion de découvrir la radicalité formelle pour laquelle le cinéma de Jeliazkova est aujourd’hui reconnu (voir les Cahiers du Cinéma n°796).