Sexe, drogue et montages financiers douteux : le Loup de Wall Street de Martin Scorsese est une fresque ample, furieuse, délirante et hilarante sur le cœur du réacteur du capitalisme moderne. Cette plongée dans le Wall Street des années 1980 (dans les méandres duquel Jordan Belfort fait fortune en abusant, escroquant et exploitant ses clients) est surtout l’occasion de mettre en scène le délire humain porté à un point paroxystique rarement vu auparavant. Si Belfort, face caméra, nous épargne les explications techniques sur ses machinations, c’est que son véritable intérêt est ailleurs : il est là pour le trip. Le bureau est transfiguré en une sorte de laboratoire carnavalesque où se mêlent animaux sauvages, fanfares, lancers de nains, prostituées et, évidemment, beaucoup de stupéfiants. Ce qui est génial, c’est que rien de tout ça n’est allégorique : loin de la présomptueuse métaphore-de-la-societe-moderne, Scorsese signe une farce sur la folie humaine dont le capitalisme tardif n’est qu’un rejeton monstrueux parmi d’autres.