Bienheureux le film qui surprend ! Dans Lola, une femme allemande, le personnage éponyme travaille comme chanteuse dans le bordel de la ville de Coburg. Le propriétaire dudit bordel, le véreux promoteur immobilier Schukert, s’enrichît copieusement de la reconstruction de la ville en maintenant d’excellentes relations avec les politiques locaux, fréquents clients de son établissement. Arrive un nouveau directeur des Travaux publiques, von Bohm, qui ne mange pas de ce pain là et s’illustre par une grande méticulosité dans son travail. Moderne au travail, vieux jeu dans sa vie perso ! Lola, omettant méthodiquement son métier, se met en tête de le séduire. Nappé de lumières trop colorées et enchaînant d’amusantes saynètes à l’aide de fondus enchaînés un poil kitsch, Lola, une femme allemande a tous les atours d’une traditionnelle comédie de mœurs. Rien ne nous prépare au tour de force du film qui trouve dans les aventures de ses personnages le terreau d’un véritable brûlot politique au cynisme dévorant. A l’heure où, face à la crapulerie qui fait la loi, l’intégrité de von Bohm est mise à l’épreuve, ce sont les motivations mêmes de cette intégrité qui sont sévèrement scrutées. Tout en maintenant ses apparats de comédie légère, le film creuse le sillon d’une réflexion politique ambiguë et féroce. Un chef d’œuvre de contrepied.