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Film

Les Idiots, Lars von Trier (1998)

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À la fin des années 1990, deux cinéastes danois édictèrent une série de préceptes de réalisation anti-bourgeoise, les firent déclamer lors d’un colloque au théâtre de l’Odéon, réalisèrent deux films qui ne les respectaient pas totalement et passèrent plus ou moins à autre chose. Ainsi le fameux « Dogme 95 » était-il plus la promesse que la matérialisation d’un mouvement. D’une certaine manière, on pourrait presque imputer aux Idiots l’essoufflement de celui-ci, tant il en révèle – et c’est tout à son honneur – certaines des impasses. Le dogme se voulait anti-formaliste ; il donne lieu ici à style affirmé et faussement amateur (caméra portée, montage vif, sauts dans les scènes, réalisme à la limite du mockumentaire). Il entendait déconstruire la figure du réalisateur (en lui interdisant d’être crédité dans le générique) ; mais quel film fait plus « Lars von Trier » que celui-ci ? Il faut dire que le cinéaste s’est trouvé tout particulièrement inspiré par cette histoire sur une sorte de secte dont les membres s’amusent à jouer les handicapés mentaux en guise de doigt d’honneur à la société. Prenant tout d’abord le parti de ces marginaux un peu déjantés, von Trier se moque copieusement des réactions effarouchés des représentants de la bienséance bourgeoise. Mais l’humour effronté du réalisateur ne saurait exister sans sa vision profondément sombre de la nature humaine (les deux faces de la pièce von Trier) et il s’emploie ensuite à exposer les hypocrisies de ce groupe qui espérait réussir à vivre selon ses propres règles, et l’infinie tristesse que cela cachait. Comme un sombre clin d’œil au mouvement qu’il avait inauguré.

coup de coeur
Texte du 13/07/23
DURÉE : 117 minutes
LANGUE : Danois

TITRE ORIGINAL : Idioterne
PAYS : France, Suède, Italie, Danemark, Espagne, Pays-Bas
DISTRIBUTION : Les Films du Losange
Prochaines séances à Paris
Pas de séances prévues pour le moment
© Le Rétro Projecteur 2021–2024
Graphisme par claire malot.
Développement par jroitgrund.
« Pour le grand écran, pas la p'tite lucarne ! »