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Film

Law and Order, Frederick Wiseman (1969)

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Il faut bien le dire : choisir un coup de cœur parmi toute l’œuvre de Frederick Wiseman relève de la gageure, sinon du blasphème. S’il y a bien un réalisateur dont toute la filmographie forme « un seul et très long film » (pour reprendre sa propre formule), c’est lui. Chacune des parties de ce film-carrière reprend en effet, avec une épatante constance, une même stratégie de mise en scène (cinéma dit « direct », effacement de la présence du cinéaste, absence de voix off et de musique) afin de documenter inlassablement tous les recoins de ce grand théâtre qu’est la société américaine.

Il n’empêche que, au fur et à mesure de l’exploration de cette œuvre colossale, chaque « wisemanien » ne pourra s’empêcher de constituer un panthéon personnel de ses « chapitres » favoris. À ce jeu, il y a fort à parier que Law and Order se trouvera dans plus d’un top. Rien d’étonnant à cela puisque le film porte sur le fonctionnement d’une unité de police (à Kansas City), soit une composante ô combien révélatrice de la manière dont on fait société. Comme tout le monde dans la sphère publique – mais peut-être un petit peu plus que tout le monde – les policiers sont constamment en représentation. C’est à eux qu’incombe le travail de convertir la loi de la cité en une apparence d’ordre dans la cité et ils n’y parviendront que s’ils incarnent l’autorité-même ! Sauf que leur quotidien en témoigne autrement. Préoccupés par des considérations bassement matérielles (« Quelle unité paye le mieux ? », se demandent deux d’entre eux dans une scène mémorable), les policiers de Law and Order se dispersent en missions futiles (comme gérer un très comique différend entre un conducteur de taxi et son client) s’ils ne se font pas carrément agents du désordre (comme lors de l’interpellation inutilement violente d’une prostituée). En portant son regard sur ceux qui sont censés pacifier les relations humaines, Wiseman découvre un petit théâtre humain comme un autre, composé de personnages qui se dépatouillent difficilement avec le rôle que leur a conféré la société.

coup de coeur
Texte du 18/09/24
DURÉE : 81 minutes
LANGUE : Anglais

PAYS : États-Unis
DISTRIBUTION : Météore Films
Prochaines séances à Paris
Mar. 26/11
Les Cinq Caumartin (9e)
20h00
© Le Rétro Projecteur 2021–2024
Graphisme par claire malot.
Développement par jroitgrund.
« Pour le grand écran, pas la p'tite lucarne ! »