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Film

L'Atalante, Jean Vigo (1934)

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Il n’est pas anodin que L’Atalante, l’un des plus singuliers portraits de couple au cinéma, ne mette en scène ni la rencontre, ni le premier baiser, ni les premières étreintes de son duo, Juliette et Jean. Jean est marinier et accueille sa jeune épouse à bord de sa péniche, « L’Atalante », aux côtés du pittoresque père Jules, d’innombrables chats de compagnie et d’un jeune moussaillon un peu simplet. Et si les premiers jours de leur nouveau concubinage fluvial ont les atours d’un voyage de noces, c’est sans compter sur le fait qu’à bord, on ne peut pas se permettre de chômer. Ce double impératif (consumer son amour, répondre à des exigences industrielles) résume assez bien ce film qui parvient à la fois à mettre en scène la frénésie juvénile d’un jeune couple et à décrire minutieusement les conditions de vie des mariniers. 
C’est ce second geste, consistant à saisir les individus dans leur quotidien industrieux et précaire, qui illustre le mieux l’influence considérable du film ; son esprit sera repris presque à l’identique par les réalisateurs du néoréalisme italien vingt ans plus tard. Mais dès 1934, Vigo comprit que la réussite d’un tel programme qu’on pourrait qualifier de « naturaliste » dépend des ruptures de rythmes que provoquent l’irruption du romantisme, de l’onirisme ou du burlesque. C’est à cette conception aussi bien esthétique que politique de la mise en scène qu’il faut toujours revenir afin d’éviter le piège du « film social » (et son infernal esprit de sérieux) qui gangrène une partie du cinéma français de nos jours.

coup de coeur
Texte du 14/09/22
DURÉE : 88 minutes
LANGUE : Français, Russe

PAYS : France
DISTRIBUTION : Malavida Films
Prochaines séances à Paris
Mer. 16/10
Le Grand Action (5e)
20h00
© Le Rétro Projecteur 2021–2024
Graphisme par claire malot.
Développement par jroitgrund.
« Pour le grand écran, pas la p'tite lucarne ! »