Trêve de bavardages… Trêve de paroles, même ! De mots prononcés, ce film n’en contient guère. Tout juste s’agirait-il de comprendre le titre ! Mais le mystère dont est nappée cette œuvre est en trompe-l'œil. Lancé à toute vitesse dans un montage kaléidoscopique d’images disparates, on comprend vite où le réalisateur veut en venir : raconter d’où l’on vient. Le « on » est alors à comprendre dans un sens carrément anthropologique puisqu'il s’agit tout bonnement de conter en une maigre heure et demie le chemin parcouru par l’homme, de nature à civilisation. Un allié de taille dans ce projet pharaonique : l’accéléré, utilisé sans cesse pour montrer le temps qui passe (les nuages parcourent les montagnes comme les passants Times Square). Portrait du génie comme du malin, de la frénésie constructrice comme de la fièvre destructrice, ce film-expérience évite tout discours édifiant. Le spectateur moderne ne manquera d’ailleurs pas d’y voir en creux la description du moteur écocidaire de cette belle et grande aventure qu’est l’histoire humaine. Ne reste plus qu’à savoir comment vous consommerez ce rugueux diamant : au premier ou au second degré, sobre ou sous influence, admirant les prises de vues ou gagné par les prises de tête.