Un poète qui sent la mort s’approcher a donné rendez-vous à ses fils dans un hôtel au bord d’une rivière. Les retrouvailles sont difficiles : au sens propre (ils ne parviennent pas à se retrouver dans le restaurant de l’hôtel) comme au figuré (il y a un je-ne-sais-quoi de distendu dans les relations entre le père et ses fils). Comme souvent chez Hong Sang-Soo (ou comme souvent, tout court), les langues se délient autour d’un verre. L’alcool est ce moteur schizophrénique de la discussion qui révèle autant qu’il fait oublier. Certaines choses s’échappent, bien d’autres s’effacent… Pendant ce temps dans le même hôtel, une jeune femme, accompagnée d’une amie, pleure la fin de son couple. L’écrivain partage un moment avec elles, leur récite un poème qui les apaise. Mais l’art n’est pas un moyen de rédemption. Au mieux, il permet de saisir l’inexorable fuite du temps et les regrets qui en découlent. Hong Sang-Soo nous le prouve ici mieux que quiconque.