Film

Bêtement, les films d’action sont souvent taxés de « bêtes ». Comme pour pallier ce reproche pourtant infondé, de naïfs producteurs hollywoodiens lancent la mode de l’action dite « cérébrale » et nous voilà envahi de boursouflures cinématographiques du type Tenet. Remède conseillé contre la morosité : s’envoyer un film de Michael Mann sur grand écran. Le réalisateur américain n’est en effet pas du genre à se perdre dans des dédales scénaristiques, et les motivations de ses personnages sont assez simples (en gros, l’argent, le frisson, l’amour). Dans Heat, De Niro interprète le chef d’une bande de braqueurs cools et très bien rodés. De sa vie personnelle, ce gangster se dit prêt à tout quitter en trente secondes s’il sent pointer le danger (« spot the heat around the corner »). Comptez sur le film pour mettre à l’épreuve cette froide assurance. Face à lui, un lieutenant de police haut en couleurs et totalement obsédé par son taf, interprété par Al Pacino. Ce canevas épuré permet surtout à Mann de déployer son art de la mise en action. Ici, pas de prise de tête : juste le souci démesuré de dépeindre la violence dans ce qu’elle a de plus primitif et les scènes de baston dans toute leur matérialité. Alors certes ce n’est pas un délire d’intellos (la réplique culte demeure le gênant « She’s got a greeeat ass ») mais ça n’en est pas moins plus intelligemment fait que la soupe philosophique interstellaire que nous servent certains films d’actions de nos jours.