Cinéaste maudit s’il en est, Michael Roemer n’est parvenu à réaliser que trois long métrages de fiction au cours de sa carrière. Cette année, Les Films du Camélia ont eu l’heureuse idée de les ressortir en version restaurée. Ce sera l’occasion de (re)découvrir son film le plus connu, Nothing But a Man, sur la communauté afro-américaine dans l’Alabama des années 1960. Mais on ira tout aussi volontiers voir Harry Plotnick seul contre tous, irrésistible petit film sur un escroc juif new-yorkais. Sorti de prison après une courte peine, il découvre que ceux qu’il employait jadis se sont mis à leur propre compte. Bref, les affaires vont mal. Une altercation merveilleusement fortuite le fait renouer avec son ex-femme, ses deux filles (dont il ignorait l’existence même) et leurs compagnons respectifs. Tout ce beau monde va ouvrir les portes de leurs pavillons de banlieue un peu plan-plan à un Harry Plotnick en pleine dérive. C’est alors une vraie-fausse parabole du retour au bercail familial (et à l’ordre moral) qui se joue. Vrai-fausse, parce que les membres de cette grande famille recomposée se révèlent aussi bien prompts à le sermonner qu’à capitaliser sur ses ressources d’escroc repenti. Satirique à souhait, Roemer dépeint l’embourgeoisement de la communauté juive new-yorkaise comme une farce corruptrice, assumant jusqu’au bout sa sympathie spontanée pour le voyou et le malfrat.