Toutes les raisons sont bonnes pour s’écharper dans le petit village provençal de Sainte-Cécile ! Que ce soit entre ce curé rigide et cet instituteur anticlérical, entre ces deux paysans dont les familles se détestent depuis toujours sans que quiconque sache pourquoi ou entre ces femmes qui se répandent en commérages incessants… le village entier bruisse de médisances, persiflages et quolibets. Une chose met cependant tout le monde d'accord : le nouveau boulanger est autrement plus compétent que celui auquel les villageois s’étaient habitués ces dernières années. Alors, lorsque la femme de celui-ci s’enfuie à cheval avec un berger piémontais, le village se mobilise comme un seul homme pour la retrouver et redonner envie au boulanger de pratiquer son métier avec amour et ardeur.
Si La femme du boulanger est une merveilleuse porte d’entrée dans l’univers de Marcel Pagnol cinéaste, ce n’est pas seulement parce que le film est irrésistiblement drôle. Il permet aussi d’apprécier ce qui a fait du réalisateur une véritable référence auprès de toute la génération de cinéastes de la Nouvelle Vague : tournage en décors naturels, attention portée aux conditions de travail de différents corps de métier, description quasi documentaire d’un territoire. Loin d’être le résultat d’un parti pris abstrait et théorique, le geste de Pagnol nous touche par sa sincérité, celle d’un cinéaste qui aura simplement cherché à faire advenir ses films loin de Paris et à les inscrire pleinement dans le terroir qui était le sien, la Provence.