Il était une fois un merle chanteur est travaillé par deux préoccupations distinctes. D’un côté : faire l’étude du caractère d’un personnage, Guia, timbalier dans l’Orchestre Symphonique. De l’autre : dessiner la cartographie d’une ville, Tbilissi, sous le régime soviétique. Contrairement à ce qu’un tel programme pourrait suggérer, le personnage n’est pas à l’image de sa ville. Bien au contraire ! Ne devant manipuler ses baguettes qu’au tout début et à la fin du concert, Guia passe le plus clair de son temps à flâner alors que la ville, elle, est en perpétuel mouvement. Les rencontres qu’il va faire (dans un conservatoire de musique, un laboratoire de chimie, un hôpital, un plateau de tournage ou encore lors d’une soirée entre amis) vont l’entraîner malgré lui dans le tourbillon d’une capitale géorgienne alors en pleine croissance industrielle. Mais quelque chose de crépusculaire plane. En dépeignant une économie en train de s’ordonner et de s’organiser, Iosseliani s’interroge dans le même geste sur la place que pourront y avoir les poètes, les tir-au-flanc et les romantiques.