Starissima, petite entreprise orléanaise de lingerie féminine, est au bord de la faillite. Encouragés par leur délégué syndical, des membres du personnel proposent de transformer la boîte en Société coopérative avec un double objectif : sauver son emploi tout en le changeant profondément. La constitution d’une SCOP nécessite en effet que les employés (principalement des femmes, brodeuses et couturières) s’investissent financièrement et moralement dans le devenir de la structure qui les emploie. Si le projet se concrétise, chaque employé aura le même droit de vote lors des assemblées générales. Entre nos mains est un film profondément et passionnément politique en ce qu’il documente la tâtonnante reprise en main par un collectif de son propre avenir. En creux, le film décrit combien le traditionnel rapport salarial est affaire de dépossession, générant un sentiment diffus parmi les ouvrières qu’elles sont illégitimes à s’impliquer dans la gestion des « affaires ». Choix magnifique : Otero laisse l’ancien patron totalement hors champ et permet aux ouvrières, dans un final bouleversant de lyrisme, de prendre contrôle du film. Ainsi, la réalisatrice affirme que le cinéma peut être ce lieu de résistance et d’utopie qui permet d’inventer les formes de la vie collective de demain.