Trois amies se retrouvent dans la maison de famille de l’une d’elles à quelques encablures du village vendéen d’Orouët (lequel nom les fait beaucoup rire). Outre de courts prologue et épilogue, tout le film sera composé des quelques semaines qu’elles passeront dans cette maison, permettant de mieux saisir l’obsession du réalisateur pour les vacances d’été. Si Rozier adore ces journées de congés, ce n’est pas seulement pour le soleil ou la plage mais surtout pour le sentiment de flottement qu’elles proposent : enfin, une journée peut s’offrir le luxe de ne servir à rien. L’envers des films de Rozier est toujours le quotidien laborieux duquel ses personnages s’échappent pendant quelque temps (ses films nous parlent aussi bien des vacances que du travail). Dans Du Côté d’Orouët , ce quotidien rejaillira explicitement lorsque le patron d’une des amies s’invite inopinément chez elles. Plutôt que de reproduire les logiques hiérarchiques du monde du travail, cette présence va plutôt en souligner le caractère parfaitement arbitraire. Alors, les vacances se révéleront un espace de réinvention anarchisant du train-train quotidien et de l’entreprise… pour autant qu’elles durent, bien sûr.