Film

En suivant les trajectoires divergentes de deux stars d’Hollywood à la fin des années 1920, Chantons sous la pluie fait la chronique d’une révolution esthétique (la naissance du cinéma parlant) qui était avant tout une révolution technologique (l’invention du son optique). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les scènes les plus hilarantes du film décrivent la très difficile acclimatation de ces acteurs du muet à l’irruption sur les plateaux de tournage de microphones, savamment dissimulés dans les décors, et dans la direction desquels il est désormais requis de parler. Raconté depuis le point de vue de l’âge d’or de la comédie musicale d’après-guerre, le film s’autorise également un hommage appuyé au cinéma burlesque – que l'avènement du parlant a pourtant largement contribué à enterrer ! Inutile de chercher dans cet emboîtement des époques la moindre trace de cynisme, d’amertume ou de nostalgie mais plutôt l’expression d’un optimisme radical et proprement américain dans la capacité du cinéma à se réinventer : certes, les techniques changent mais le spectacle, lui, « must go on » ! Reste à voir si l’on est encore en mesure d’entendre un message d’une telle candeur à une époque où les noces de l’art et de la technologie semblent avoir été définitivement rompues…