Comment Todd Haynes parvient-il à faire jaillir de la fixité de ses plans une telle fureur ?! Rien n’épuisera totalement le mystère de cette réussite. Le contraste entre la dureté du récit (une histoire d’amour entre deux femmes à une époque qui ne la tolère pas) et la sophistication du style y est pour quelque chose. La performance de Cate Blanchett aussi (la fougue derrière un visage figé par les exigences aussi bien de sa classe sociale que de son sexe). Reste toujours un je-ne-sais-quoi qui enflamme le film. Maître en sa demeure feutrée, Todd Haynes nous rappelle combien la sensualité est affaire de suggestion, renvoyant à leurs pénates les agités-du-bocal de l’érotisme dispendieux (de Eyes Wide Shut à La Vie d’Adèle). Une poésie de petits détails à voir sur très grand écran.