Ce qui est sûr c’est que le cinéma coréen contemporain n’y va pas par quatre chemins pour mettre en scène la lutte des classes. Un an avant le bain de sang Parasite de Bong Joon Ho sortait le troublant Burning. Non moins littéral dans sa figuration de la violence sociale, on y retrouve un nouveau riche, Ben, qui se balade en Porsche, fume du cannabis et prétend facétieusement brûler des serres d’agriculteurs juste pour le plaisir. Comme passe-temps, quoi ! D’emblée, tout de sa personne (y compris sa source de revenus) est nimbé d’une aura mystérieuse. Le récit s’articule autour de l’opposition de cette espèce de braconnier pyromane avec un écrivain amateur qui enchaîne les petits boulots, Jongsu, tous deux énamourés d’une jeune femme, Haemi. Lorsque celle-ci se volatilise soudainement, Jongsu développe à l’endroit de son alter ego bourgeois une obsession paranoïaque. Mais plus il l’observe, plus le mystère autour de son comportement s’épaissit. A la froide et efficace mécanique de l’édifice de Bong Joon Ho s’oppose ici quelque chose de plus insaisissable parce que tout entier placé sous le signe du double-entendre et du pressentiment… un fascinant château de cartes en pleine incandescence.