Film

Pas beaucoup de cinéma dans ce film sur le cinéma ! Trop peu en tout cas au goût de l’actrice Norma Desmond (Gloria Swanson), diva déchue de l’époque du muet qui s’est retranchée dans son palace dégoulinant, mélange de vulgarité européenne et de mauvais goût américain. Un beau jour, de rocambolesques machinations scénaristiques déposent sur le pas de sa porte… un scénariste. Après l’avoir mépris pour le croquemort de son chimpanzé, elle lui propose de l’aider à écrire un film qui marquera son retour sur le grand écran. Sans-le-sous, il accepte. Boulevard du crépuscule, film sur l’usine à rêve hollywoodienne des années 1940, se mue rapidement en huis clos cauchemardesque. L’actrice vit son vieillissement comme un avilissement, recherchant en vain le corps que des caméras ont figé dans le celluloïd des décennies plus tôt. Elle incarne désormais le vampirisme patibulaire du système qui l’a détruite et se nourrit de la jeunesse du scénariste, l’enfermant dans une prison dorée. Gloria Swanson, elle-même ancienne légende du muet, livre une performance extraordinaire, empreinte d’un expressionnisme et d’un burlesque rares au cinéma parlant. Elle fait de son personnage la reine tragique d’une piteuse mise en scène d’elle-même – piteuse du simple fait que plus personne ne la regarde.