Voici sans doute l’épisode le plus mouvementé de la série de films que Truffaut a consacré à son personnage fétiche, Antoine Doinel. Quelques années après les 400 Coups, le voici soldat. Mais il est rapidement destitué pour mauvaise conduite (« l’armée, c’est comme le théâtre, un merveilleux anachronisme »). Il devient alors gardien d’hôtel, mais se fait virer pour avoir laissé entrer un détective dans une chambre où se déroulait un adultère. Cela l’amène à devenir lui-même détective, puis vendeur de chaussures (« tout le monde a besoin de chaussures »), puis renvoyé à nouveau pour avoir couché avec la femme du patron (« ce n’est pas une femme, c’est une apparition », dit-il, romantique). Truffaut met en scène cette accumulation d’épisodes avec un plaisir quasi-enfantin toujours renouvelé. Empruntant copieusement aux codes de genre pour les épisodes « espionnage » et « romance avec femme du patron », il imprime un rythme qui s’accorde parfaitement avec la vie chaotique de son personnage. Avec des dialogues particulièrement croustillants, il achève de rendre le film inoubliable.