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Film

Bad Lieutenant, Abel Ferrara (1992)

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La figure du détective est une sorte de baromètre du cinéma américain (voire des Etats-Unis tout court) : intouchable et sûr de soi dans l’après-guerre, rongé par sa mauvaise conscience dans les années 1970, carrément dégénérescent au tournant du siècle. Un monde oppose donc le « bad lieutenant » qu’incarne Harvey Keitel en 1992 au ténébreux Humphrey Bogart des années 1950. Déjà, Bogart était grand, ses cheveux étaient gominés, son trench immaculé et son regard promettait l’administration mesurée de la puissance régalienne. Keitel, lui, est petit, trapu, ses traits sont tirés. Claudiquant, débraillé, à travers les bas-fonds du New York, il incarne un policier au stade terminal de sa corruption. Il abuse allègrement de ses pouvoirs pour s’arroger de la drogue, de l’argent ou des faveurs sexuelles. En parallèle, il enquête sur le viol sauvage d’une bonne sœur, laquelle refuse de collaborer avec la police, assurant qu’elle a pardonné ses agresseurs. Seule la pureté morale de cette religieuse va parvenir à troubler cet être en tout point impur. Ferrara fait le choix de l’impureté, et compose son film comme une suite de longues scènes choquantes, au réalisme presque indécent. Mais il infuse aussi à tel point son récit de motifs christiques qu’on peine à savoir s’il s’agit d’un chemin de croix ou d’une danse du démon.

coup de coeur
Texte du 29/03/23
DURÉE : 98 minutes
LANGUE : Anglais

PAYS : États-Unis
DISTRIBUTION : Capricci Films
Prochaines séances à Paris
Sam. 09/11
Studio Galande (5e)
18h30
Jeu. 14/11
Filmothèque du Quartier Latin (5e)
19h30
© Le Rétro Projecteur 2021–2024
Graphisme par claire malot.
Développement par jroitgrund.
« Pour le grand écran, pas la p'tite lucarne ! »