D’un côté : Fugain, la trentaine, mémoire vaporeuse, sommé par Buron de décrire ses actions le jour où il a découvert un homme mort devant chez lui. De l’autre : Buron, cliché ambulant, commissaire de police chevronné et méthodique à l’excès, qui s’entête à faire structurer le récit fuyant de Fugain autour de ses supposées sept sorties ce soir-là. Conteur contre compteur, en somme ! Dupieux est un habitué des expériences narratives dilapidant totalement les règles scénaristiques traditionnelles. Ici, il va plus loin en faisant de la difficile construction d’un récit le sujet même de son film. L’humour totalement barré et le jeu incessant avec les codes du policier permettent d’éviter que ce côté très « méta » n’alourdisse le film. Au contraire même, c’est finalement l’entremêlement des souvenirs et du présent, de la récollection et de l’invention pure qui le propulse dans les fécondes contrées de l’absurde.