Le monde des cinémas art et essai de Paris est en émoi. La cause en est un conflit plus ou moins ouvert entre le géant de l’exploitation UGC et plusieurs salles de la capitale, conflit ayant scandaleusement fait pour uniques victimes certains des employés les plus précaires de ces dernières (caissiers, ouvreurs, projectionnistes). Comme le résume un
article dans Libération, UGC dénonce un usage frauduleux de sa fameuse carte « illimité » par ces employés ayant bénéficié aux petits exploitants et distributeurs. Que cette pression du grand groupe ait aussi rapidement abouti à la mise à pied de salariés révèle la profonde asymétrie à l’œuvre dans la relation entre UGC et les salles indépendantes.
Paris est riche d’un maillage de petites salles de cinéma absolument unique au monde, salles dont la stimulante programmation est la raison d’être d’un projet comme
Le Rétro Projecteur. S’il ne s’agit pas ici d’incriminer unilatéralement l’existence même de la carte illimité (qui a formé une génération de cinéphiles, à commencer par plusieurs membres de notre propre rédaction), reste à espérer que de nouvelles solutions seront inventées pour que les salles dites « indépendantes » puissent réellement le demeurer. Et pour que les employés de ces lieux que l’on aime tant ne soient pas de simples fusibles qu’un groupe pour lequel ils ne travaillent même pas puisse faire sauter selon son bon vouloir.